Etude de l'Observatoire Orange-Terrafemina sur les Révolutions numériques

L’institut de sondage CSA et l’Observatoire Orange-Terrafemina publient aujourd’hui une étude sur l’influence des tablettes sur les enfants et les parents. Est-ce un vrai outil pédagogique, notamment grâce aux applications, ou bien est-ce une manière pour les parents de se délaisser de leurs responsabilités ? Eléments de réponse.

(NDR : tous les liens faisant référence à cette étude sont annexés à la fin de cet article).
30% des foyers français ont une tablette numérique connectée à Internet à la maison (iPad, Galaxy Pad, HP Touchpad…). Ce chiffre peut sembler relativement faible au premier coup d’oeil, mais la tablette est l’objet informatique qui a le taux de pénétration le plus rapide de l’Histoire. Encore plus rapide que la vitesse d’adoption des smartphones, d’Internet ou de la télévision. Nous sommes donc aujourd’hui au début de ce qui s’annonce comme une véritable révolution.

La tablette et les applications : une véritable révolution d’usage pour les enfants et les parents

Contrairement à Internet et à la télévision, un enfant comprend instinctivement comment fonctionne une tablette. L’aspect interactif donne à l’enfant une indépendance immédiate. On peut même dire que le mode de fonctionnement d’une tablette est plus facile à comprendre que celui d’un livre : on appuie, on écarte les doigts, on pousse son doigt vers le haut, et la tablette donne des réponses extraordinaires en termes de graphisme et d’animation.
Dans les foyers équipés d’une tablette, 71% des enfants de moins de 12 ans l’utilisent (dont 30% pour une utilisation fréquente), que ce soit pour des applications de jeux, des applications d’apprentissage ou autres. A titre de comparaison, ces mêmes enfants n’utilisent l’ordinateur familial qu’à 55%, et le smartphone des parents à 43%.
Autre chiffre intéressant sur les liseuses cette fois (Amazon Kindle, Sony Reader, Fnac Kobo, Booken Cybook…) : 67% des enfants les utilisent fréquemment parmi les foyers équipés.
38% (plus d’un tiers !) des possesseurs de smartphone déclarent avoir achetés au moins une fois une application pour leurs enfants. Une proportion nettement supérieure chez les parents cadres (51%) ou qui habitent en Ile de France (42%). Les applis privilégiées : les jeux (84%), loin devant les applications éducatives (46%) et les histoires (36%). Néanmoins, les foyers de cadres ou ayant des enfants à la maternelle privilégient les applications éducatives dans une plus grande proportion.

L’arrivée des tablettes et des applications est vécu comme une chose positive selon les parents

76% des parents interrogés considèrent comme positif que les enfants puissent se familiariser aux outils numériques. 50% pensent qu’avoir une tablette à la maison est un atout car cela leur donne accès à des connaissances que n’avaient pas les précédentes générations. D’ailleurs, si nous regardons la génération née dans les années 70 et 80, on peut se poser une question toute simple : comment faisions-nous pour trouver une réponse à nos questions avant Google ?
L’arrivée de la tablette et des applications à l’école divise encore : 53% des parents sont favorables au remplacement des manuels scolaires par une tablette, mais 42% y sont encore opposés. On trouve d’ailleurs une majorité de femmes (49%) et de jeunes parents de moins de 34 ans (50%) dans cette opposition. On se souvient que deux écoles belges avaient suscité la polémique en inscrivant l’Ipad sur la liste des fournitures obligatoires pour la rentrée scolaire 2012.

Le rôle des parents face aux tablettes et aux applications.

Beaucoup de psychologues se penchent sur la question et TerraFemina apporte un éclairage sur le rôle des parents en interviewant des psychologues (ici et ). D’une manière générale, et comme pour tout, ce sont les parents qui doivent décider du temps et du mode d’utilisation d’une tablette et des applis. Cela nous semble aussi une simple question de bon sens : on ne laisse pas un enfant de 18 mois seul face à un écran. On l’accompagne, on lui montre, on le guide, on l’encourage. Bref, on le stimule, on lui donne confiance en lui et on fait aussi office de garde-fou pour qu’il n’aille pas s’égarer dans l’iPad (pour son bien mais aussi le vôtre : vous ne voulez pas retrouver votre iPad paramétré en russe, si ?)

Les applications signifient-elles la mort du support papier ?

Difficile de répondre car le papier en général et le livre en particulier développent à tous les âges les 5 sens des enfants : la vue, le toucher, le goût, l’ouïe, l’odorat. Les tablettes et les applications ne peuvent pour l’instant pas développer le sens de l’odorat, et on a du mal à imaginer qu’elles pourront recréer la sensation du toucher ou du goût un jour.
A cet égard, l’étude publie un benchmark qui est en fait un recueil d’applications pour enfants (d’ailleurs la plupart sont payantes contrairement à celles que nous vous proposons sur www.applikids.fr), sous l’intitulé « CSA -Treize Articles Weblab pour l’Observatoire Orange – Terrafemina ». Cette étude montre notamment cette vidéo avec un titre sans équivoque : « Pour les plus jeunes, un magazine est une tablette qui ne fonctionne pas ! »

Nous ne sommes pas du tout d’accord avec cette affirmation.
D’abord, il s’agit d’1 vidéo publiée par un parent en train de filmer sa petite fille de 12 mois. Un cas que vous observez peut-être chez vous mais de la part d’un institut de sondage, cela nous semble un échantillon un peu léger pour en tirer une quelconque conclusion.
De plus, cette affirmation n’est pas étayée et peut laisser penser que, oh mon dieu, nos enfants ne feront plus la différence entre le papier et le numérique !
Cette vidéo avait bénéficié d’un bon buzz, et c’est sans doute pour cela qu’elle apparait dans cette étude : publiée le 6 octobre 2011, elle a été vu près de 4 millions de fois. On voit sur cette vidéo la petite fille qui essaye de faire défiler les images d’un magazine comme elle le fait avec son iPad. Elle est tellement perplexe face à l’absence de réaction des magazines qu’elle finit par vérifier si son doigt fonctionne correctement en appuyant sur sa propre jambe (au passage, bonne nouvelle, les enfants ont toujours conscience de leur propre corps !).
Mais ce même parent à publié 20 jours plus tard, le 25 octobre 2011 précisément, une nouvelle vidéo de sa petite fille :

Cette fois pas de doute, si la petite fille pensait qu’un magazine s’utilise comme un iPad (c’est-à-dire de manière interactive), elle comprend très bien qu’un livre ou qu’une feuille de papier sur laquelle on dessine ne s’utilise pas du tout de la même façon. On voit bien que, comme avec certaines applications sur l’iPad, elle s’invente tout un monde en feuilletant son livre et en dessinant sur sa feuille de papier.
Les enfants sont et seront de plus en plus en plus sollicités par tout un ensemble de médias et d’écrans (télé, télé à la demande, ordinateur, tablette, smartphone, liseuse). Cette vidéo à eu un écho bien moins important que la précédente (25000 visionnages contre 4 millions). L’institut CSA ne l’a malheureusement pas intégrée à son étude alors qu’elle se trouvait littéralement à un clic de la précédente. Attention aux fausses idées donc, les enfants ne deviennent pas décérébrés parce-qu’ils utilisent des outils numériques.
C’est bien le rôle des parents de les accompagner à chaque fois et de leur expliquer comment chaque outil fonctionne et comment chaque outil peut permettre à l’enfant de découvrir de nouvelles choses.

Et vous, quelle est votre utilisation de la tablette et du smartphone à la maison ? Etes-vous pour ou contre l’utilisation des tablettes et des applications à l’école ?

Liste des liens sources de cet article :